L'Est Républicain (www.estrepublicain.fr)
11/05/2012 à 05:29
Réseaux sociaux Prévenu de corruption de mineur pour avoir demandé à une adolescente de photographier sa poitrine Des seins de porcelaine
Montbéliard. Fragile. Cette adolescente de 14 ans l’est plus encore que les copines de son âge, de par sa légère déficience mentale. La gamine, domiciliée dans la région de Limoges, se réfugie dans l’univers virtuel et sans frontière des réseaux sociaux. Là où les contacts se nouent en un clic. Là où l’on expose que les bons côtés de sa personnalité. Là aussi où les prédateurs sexuels ont trouvé un terrain de chasse propice…
Un soir de l’été dernier, les parents de la petite la découvrent en train de cacher son smartphone sous ses draps. Honteuse, elle finit par en révéler la cause. Elle parle de « Pietro », un garçon rencontré sur l’un de ces « chats ». Un garçon qui lui aurait demandé de lui envoyer des photos de sa poitrine dénudée. Elle ajoute que son interlocuteur lui avait promis de créditer son compte téléphone (pour 5 €) en cas d’envoi des photos.
Une enquête débute et aboutit dans le Pays de Montbéliard, au domicile d’une famille dont le fils, âgé de 20 ans, s’avère être l’expéditeur de la demande. Ni une, ni deux, le parquet de Montbéliard entame des poursuites pour « corruption de mineur aggravée par la circonstance que les faits ont été commis par un réseau de communication électronique ».
« Peut-être pas conforme à la morale, mais… »
Hier, l’étudiant était devant les juges, deux auréoles sous les aisselles, témoignant d’une chaude émotion. Émotion qui grimpe d’un cran quand le vice-procureur signale que « les faits sont passibles de sept ans de prison et d’une inscription sur le fichier national des délinquants sexuels pour une durée de vingt ans ».
M e Alexandra Ternon, l’avocate de la partie civile, noircit le tableau en évoquant les conséquences sur le psychisme d’une adolescente qui s’était énamourée d’un drôle de coco. « Quelle étrange conception de l’amour que de demander à une jeune fille de lui envoyer des photographies érotiques voire pornographiques ! »
À la barre, l’étudiant bredouille plus qu’il ne s’explique. Il parle d’une demande irréfléchie pour satisfaire son « plaisir personnel ». Son avocate, M e Mireille Thomas, détricote alors méthodiquement les mailles de l’accusation, se fondant sur le droit, rien que le droit.
Elle rappelle au tribunal que la corruption de mineur, pour être constituée, doit s’articuler autour « d’éléments matériels et intentionnels ». Or, en l’espèce, jurisprudences diverses et variées à l’appui, elle démontre que ce n’est clairement pas le cas. L’avocate ponctue sa plaidoirie d’une formule lapidaire : « Ce qu’a fait mon client n’est peut-être pas conforme à la morale mais cela ne constitue pas pour autant une infraction ».
Le tribunal a suivi le raisonnement et relaxé le jeune majeur alors que le parquet, sentant sans doute sa thèse aussi fragile que des seins de porcelaine, n’avait requis que 70 heures de travail d’intérêt général.
Sam BONJEAN